vendredi 3 avril 2009

La petite fille de monsieur linhn

« C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul à savoir qu’il s’appelle ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de lui. »
C’est ainsi que commence le dernier roman de Philippe Claudel : « La petite fille de Monsieur Linh ». Je l’ai lu d’une traite tant j’ai été touché par le personnage. Il s’agit d’un récit poétique et émouvant : une belle tranche d’humanité.

Un nouveau-né, une poignée de terre et une vieille photographie constituent les précieux biens de Monsieur Linh. Il a quitté ses morts et sa terre natale pour sauver sa petite fille, lui offrir un avenir, une vie.
Arrivé en France, le vieil homme est perdu, il n’y a rien de connu ici auquel il pourrait se raccrocher. Cette terre d’accueil qu’il va devoir apprivoiser lui paraît inodore et sans saveur : « C’est un pays étrange et étranger, et qui le restera toujours pour lui, malgré le temps qui passera, malgré la distance toujours plus grande entre les souvenirs et le présent ». Apeuré, sans repère il reste longtemps cloîtré dans le foyer d’étrangers qui l’a recueillit. « Le pays inconnu l’épuise » mais il trouve une force de vie dans l’amour qu’il porte à sa petite fille, c’est pour elle qu’il se nourrit, c’est pour elle encore qu’il brave ses angoisses et s’aventure peu à peu dans la ville.

Assis sur un banc il fait une belle rencontre en la personne de Mr Bark. Se nouera entre ces deux personnages une solide amitié dépassant les barrières culturelles et de la langue . Ces deux âmes en peine communieront bien au-delà des mots : « Désormais, le vieil homme dès qu’il se lève attend ce moment où il ira rejoindre son ami. Il se dit dans sa tête « son ami » car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le gros homme est devenu son ami, même s’il ne parle pas sa langue, même s’il ne la comprend pas, même si le seul mot dont il se sert est « bonjour ».

Un récit bouleversant plein de poésie et de pudeur qui coule grâce à une écriture épurée et poétique où la simplicité résulte d’un travail d’orfèvre. Un rendez-vous poétique à ne pas manquer.

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