mercredi 1 avril 2009

L'école est finie!

Vendredi 06 juillet 2007 à 16h30 : bouquets de fleurs, bisous baveux et boîtes de chocolats ponctuent les derniers aurevoirs. « Vous partez en vacances ? Vous serez là l’année prochaine ? Merci pour cette année. » Des bisous s’envolent jusque sur le trottoir. Retour dans la classe pour quelques derniers rangements, les murs fissurés sont dénudés des peintures bariolées des enfants qui les réchauffaient. Les casiers sont vides, la boîte à doudous est prête à accueillir les nouvelles peluches qui s’y déverseront dès la rentrée mais la classe s’est vidée pour les vacances des éclats de rires des enfants. Légos, petites voitures, maisons de poupées et autres fermes attendent sagement d’être briqués, débarrassés des griffures de crayons de couleurs, de craies, de pâte à modeler y résidant depuis des mois sans qu’on ait parvenu à l’en déloger ou encore punaises volées plantées là par des petites mains habiles. Depuis des jours déjà cela sentait là fin malgré le temps maussade qui nous rappelait plutôt certains mois d’automne. Le vide commençait à envahir les classes, les sacs poubelles s’amoncelaient plein de dessins anonymes jamais réclamés par leurs auteurs, de crayons de couleurs et de feutres ayant rendu l’âme. Nos petits élèves avaient déjà rapporté chez eux cahiers et peintures fièrement comme l’on rapporte un trophée, certains pliant sous le poids de leurs travaux d’une année mais refusant d’être aidé et prenant autant de soin à les porter qu’on le ferait avec un nouveau-né. Restaient encore quelques photos du premier trimestre où mes élèves arboraient plus encore des joues pleines d’enfants à peine sortis de la crèche.
Et une année scolaire de finie, une ! 27 petits loupiots avec lesquels j’aurais fait un petit bout de chemin dans leur vie et leur scolarité. 27 paires de parents (ou presque) avec lesquels j’ai été pour certains un allié dans l’éducation de leur enfant, pour d’autres le seul lien social. Des sourires et des larmes du côté des enfants comme de celui des parents, des confidences et de la confiance mais aussi beaucoup d’angoisses . Toutes les émotions de la vie sont présentes à l’école et tous les bonheurs et les joies aussi. C’est toujours émouvant les fins d’années, on fait le bilan et on se rend compte du chemin parcouru avec nos élèves, on a souvent tendance à oublier les difficultés premières que l’on a eu avec eux ou combien on a du mettre d’énergie pour les en sortir, pour apprivoiser certains parents complètement réfractaires à l’école…..on a un peu les yeux qui brillent parfois en salle des maître quand on évoque avec ses collègues tel ou tel enfant, parents ou situation familiale. Moi cette année j’ai eu le petit R 4 ans, parents russes sans aucun lien avec l’extérieur, pas de famille en France, pas d’amis, travaillant chez eux. L’enfant pourtant déjà scolarisé l’année dernière n’était pas propre, ne parlait pas (pas même dans sa langue maternelle) , ne participait à aucune activité et se déplaçait très souvent à quatre pattes. Nous sommes censés aidé les enfants à devenir des élèves et ce en les épanouissant , heuuuu là j’ai eu du taf. Pas facile de communiquer avec les parents qui évidemment trouvaient que tout allait bien, j’en ai mis du temps et de la patience tant avec l’enfant que les parents, si il avait fallut que je marche sur les mains pour qu’il parle ce môme je crois que je l’aurais fait ! J’en ai fait des jeux, des grimaces et des chatouilles à ce gamin pour qu’il me voit et communique, j’y ai joué à la petite voiture à quatre pattes sur le sol sous le regard ébahis des autres élèves. . Finalement il s’est ouvert aux autres, à moi, ses parents ont accepté de le faire suivre par une orthophoniste . R s’est mis à parler au troisième trimestre et je me suis même surprise à lui dire « Chut R parle moins fort tu déranges tous le monde ». Jeudi, à la veille des vacances, alors qu’il était en train de construire une super maison légo immense géante, il s’est arrêté brusquement de jouer, m’a regardé fixement puis m’a hurlé : « Maîtresse, je t’aime !!! ». J’en ai encore emmagasiné des tas de beaux moments cette année dans ma boîte à souvenirs de maîtresse d’école ! Cela fait six ans que j’enseigne et malgré les difficultés croissantes que l’on rencontre, la violence présente dès le plus jeune âge, l’hostilité de certains envers l’école et les enseignants …..je ne regrette pas de faire ce métier ni aucune des rencontres d’enfants que j’y ai faite. Je grandis avec eux chaque année autant qu’ils grandissent avec moi.

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