vendredi 3 avril 2009

L'homme dans le labyrinthe

La science-fiction n’est pas le genre tant cinématographique que romanesque qui m’attire particulièrement. La preuve en est : je n’ai jamais pu voir un épisode de Star Wars en entier ! C’était sans compter sur l’être qui partage ma vie qui apprécie ce genre et qui n’allait pas laisser mon intellect à ce niveau de crassitude quant à cette littérature. C’est ainsi que je me suis retrouvée avec l’homme du labyrinthe de Robert Silverberg entre les mains pour les vacances. Pour la seconde fois il est vrai, ayant égaré le premier exemplaire que mon amoureux m’avait offert. Oups ! Si j’ai lu ce livre, c’est d’abord pour lui faire plaisir et pour partager avec lui ce roman qu’il a tant aimé ; je dois avouer que j’en ai fort apprécié la lecture et qu’elle ne m’a coûté nul effort.

Le récit se déroule majoritairement sur Lemnos, planète abandonnée sur laquelle se trouve un « édifice de la dimension d’une ville », une « cité étrangère », un labyrinthe grotesque de « vingt, trente kilomètres de diamètre » accueillant en son sein une multitude de pièges tous plus invraisemblables les uns que les autres : monstres mi-animaux-mi robots, hallucinations visuelles, rideaux de couteaux……..sournoisement disséminés et dissimulés à tel point que « chaque homme qui avait tenté d’y pénétrer avait péri victime d’une des trappes, si diaboliquement cachées dans les zones périphériques ». Deux hommes (et leur équipe) vont pourtant s’aventurer dans ce monde « vide, morne et désolé » et pénétrer au cœur de ce dédale inextriquable : Charles Boardman et Ned Rawlins. Ils ont pour objectif d’obtenir de gré ou de force la participation de Muller à une mission de la plus haute importance pour le sort de l’humanité. Et ce fameux Muller s’est exilé il y a neuf ans dans cette citadelle imprenable loin des Hommes et de leur cruauté. Il est atteint d’un mal mystérieux, renvoyant aux Hommes ce que l’âme humaine peut avoir de plus repoussant et de plus douloureux : « atteint d’une affection répugnante, devenue une abomination aux yeux de ses frères humains. (….) Il était un motif de honte et un reproche vivant à la race humaine, une source de péchés et de douleurs, une blessure béante à la conscience planétaire ». Devenu « misanthrope » de part ces circonstances particulières, il quitta la terre pour cette « planète fantomatique » aux « dédales baroques ».
Paradoxalement, cette « malédiction », qui fit que l’humanité lui tourna le dos et le poussa à la quitter, amène à lui neuf ans plus tard les Hommes dont il semble être l’ultime recours……

Dès les premières pages j’ai eu envie de pousser plus avant ma lecture afin d’en savoir plus sur le mal dont souffre Muller et sur l’étrange mission qui allait peser sur ses épaules. Si ce roman nous présente un monde futuriste peu crédible à priori ( surtout pour une novice en science-fiction comme moi !), je dois avouer qu’au fil des pages, on se familiarise avec ces univers étranges, leurs technologies et le vocabulaire qui y est associé. Sorte de Minotaure du futur qui renvoit à la face de l’humanité sa nature profonde, ses propres travers et sa propre souffrance, le personnage de Muller a une psychologie intéressante.
En outre on ne peut qu’être attentif au jeu relationnel entre les trois personnages autour du pouvoir, de la manipulation et de la sincérité.
Ce roman est également pertinent quant au questionnement qu’il peut susciter. Comment réagirions-nous face à un être capable par sa seule proximité physique de nous faire baigner dans un bain émotionnel constitué de la noirceur de l’âme humaine et de tous les sentiments qui en découlent ?
Si l’on considère le côté anticipation de ce roman, quelle serait la place du corps et de la vieillesse dans un monde où l’on vit plus de 100 ans et où grâce à un « remodelage corporel » on peut espérer conserver un aspect juvénile ? Et enfin, dans un avenir lointain et hypothétique, les avancées de l’aero-spatiale permettront peut-être d’explorer des mondes inconnus. Et si ces mondes étaient peuplés, quelles en seraient les conséquences tant au niveau géopolitique qu’en ce qui concerne la diplomatie ?

Un livre qui gagne à être lu voire même relu afin d’en saisir toute l’essence.
J'ajoute que le groupe Nedra (ex groupe de mon homme) a une super chanson inspirée de ce roman intitulée Lemnos! copiez et cliquez: http://www.musity.fr/u/P0L0/videos/view/nedra-lemnos-raismesfest-2008+2tBIsPC5kgM

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